Je n’ai jamais été de ceux qu’on doit pousser à travailler. Depuis mes premières années en entreprise, j’ai toujours eu ce réflexe : organiser, anticiper, livrer. J’ai évolué dans un environnement exigeant, le secteur des télécoms, au sein d’une multinationale où la performance était la norme, et la pression un quotidien.
Et pourtant, malgré une progression rapide, malgré les responsabilités et les succès, je ressentais ce tiraillement intérieur. Un appel vers un domaine plus en accord avec ma nature profonde : l’énergie, la recherche, l’innovation.
Je suis ingénieur en énergie de formation. La technologie, l’optimisation, les systèmes complexes — c’est là que je me sens vivant. Alors, j’ai pris une décision à contre-courant : entamer un doctorat en parallèle de ma vie professionnelle et familiale. J’étais déjà senior manager, marié, père. Et pourtant, j’ai ressenti ce besoin vital de retrouver un espace d’exploration intellectuelle, de construire quelque chose de plus aligné avec qui je suis vraiment.
La première année, j’étais porté par une motivation énorme. J’avançais vite, parfois plus vite que des doctorants à temps plein. Mon énergie était décuplée par ce sentiment d’alignement. Mais dès la deuxième année, tout a changé.
Mon entreprise a remporté un projet stratégique, extrêmement complexe. Les journées sont devenues des marathons de décisions, de réunions, de résolutions de crises. Mes soirs, eux, étaient souvent volés par l’épuisement, ou réservé a des moments de détente soit seul soit avec ma petite famille.
C’est là que ma motivation a commencé à s’éroder. Et c’est aussi là que la discipline est entrée en scène, discrètement mais fermement. J’ai compris que si je voulais aller au bout de ce rêve, il ne fallait pas compter sur mes envies du moment, mais sur un système fiable. J’ai analysé mes journées.
J’ai trouvé un créneau d’une heure, le matin très tôt ou tard le soir, selon les jours. Une seule heure. Ce n’était pas spectaculaire. Mais c’était mon pacte. Une heure, chaque jour, sans négociation.
Cette heure quotidienne, répétée des mois durant, a porté bien plus de fruits que mes périodes d’intense motivation. C’est elle qui m’a permis de soutenir ma thèse, d’obtenir ce PhD dans un domaine qui me passionne, tout en continuant à assurer mes responsabilités familiales et professionnelles. Et c’est cette double compétence — technique, stratégique, et humaine — qui m’a ouvert les portes d’un poste de direction dans le secteur de l’énergie.
Aujourd’hui, je peux le dire avec conviction :
La discipline m’a sauvé de l’échec.
La discipline m’a permis de rester fidèle à mes aspirations les plus profondes, dans un monde où tout me poussait à remettre mes rêves à plus tard.
Et surtout, la discipline m’a appris que ce n’est pas le volume de travail qui change une vie, mais la constance dans l’essentiel.
Les 3 idées fausses sur la discipline
Lorsqu’on prononce le mot “discipline”, beaucoup de visages se crispent. Et pour cause : on associe souvent ce mot à des souvenirs de contraintes, d’obligations, de règles imposées par d’autres. Pour beaucoup, la discipline rime avec dureté, froideur, rigidité. Et c’est précisément ce malentendu qui empêche tant de professionnels, y compris brillants, de s’appuyer sur cette ressource puissante.
Voici les trois idées reçues les plus courantes — et les plus limitantes — sur la discipline.
Idée fausse n°1 : La discipline, c’est être rigide
Idée fausse n°2 : La discipline, c’est pour les militaires ou les ultra-motivés
Idée fausse n°3 : La discipline, c’est l’opposé de la liberté
La discipline n’est ni rigide, ni réservée à une élite, ni contraire à la liberté.
Elle est au contraire le socle de toute liberté intérieure durable.
Et c’est lorsqu’on comprend cela que la discipline cesse d’être une contrainte… et devient un levier de puissance.
La discipline, c’est savoir doser son énergie
On a souvent tendance à chercher des définitions compliquées pour des choses simples. Et à propos de la discipline, on se perd parfois dans les citations de samouraïs ou les maximes d’entrepreneurs américains. Mais quand on vit dans la réalité — celle où on gère une équipe, une famille, un doctorat, des délais serrés et des ambitions personnelles — on comprend vite que la discipline n’est pas une posture… c’est une nécessité intelligente.
La discipline, ce n’est pas une pression extérieure. C’est une structure intérieure choisie.
Être discipliné, ce n’est pas se forcer à faire ce qu’on n’aime pas.
C’est se structurer pour faire ce qui est important, même quand ce n’est pas facile, même quand on n’en a pas envie.
La discipline n’est pas censée te fatiguer. Elle est là pour t’économiser de l’énergie mentale, pour réduire la friction entre toi et ce que tu veux vraiment accomplir.
C’est un pont entre ta version actuelle… et la personne que tu veux devenir.
Quand je menais de front mon rôle de senior manager et mon doctorat, ce n’est pas ma motivation qui m’a permis d’avancer, ni même mon intelligence. C’est ma capacité à structurer mes journées. C’est cette décision simple, mais stratégique : “Chaque jour, une heure pour mon objectif personnel.”
Pas pour prouver quelque chose à quelqu’un, mais pour rester fidèle à mon engagement intérieur.
C’est là, à mon sens, que réside la vraie discipline :
- Elle est personnelle, car elle part d’un objectif qui compte profondément.
- Elle est consciente, car elle s’adapte à notre réalité (et non l’inverse).
- Elle est libératrice, car elle nous évite les regrets et la dispersion.
La discipline, c’est savoir doser son énergie dans la durée
Une confusion fréquente : on croit que la discipline, c’est faire plus, produire plus, aller plus vite.
Mais en réalité, la discipline bien conçue, c’est naviguer intelligemment :
- Savoir quand pousser et quand ralentir,
- Savoir quoi faire même quand on ne se sent pas au top,
- Savoir quelles habitudes nous soutiennent au lieu de nous épuiser.
Pendant ma thèse, il y a eu des semaines où je n’étais pas performant. Mais j’étais présent. Mon système ne dépendait pas de mon humeur. Il était souple, mais constant.
C’est cette constance qui m’a permis de tenir — pas ma capacité à en faire toujours plus.
La discipline est un système personnel de pilotage
Et comme tout système, il doit être :
- Lisible : tu sais ce que tu fais et pourquoi tu le fais.
- Flexible : tu peux l’adapter à ton énergie du moment.
- Répétable : tu peux t’appuyer dessus sans réfléchir.
Une discipline bien pensée ne t’enferme pas. Elle te soutient, te guide, t’ancre et t’élève.
En résumé
La vraie discipline, ce n’est pas de la rigidité. C’est de l’intelligence appliquée à ton temps, ton énergie et tes priorités. C’est un système que tu crées pour vivre tes ambitions sans t’épuiser.
Pourquoi la motivation ne suffit pas (et te trahit parfois)
La motivation est comme une flamme. Elle peut être puissante… mais aussi éphémère.
Elle s’embrase face à une nouveauté, une idée inspirante, un rêve ambitieux. Mais elle peut aussi s’éteindre au premier obstacle, au premier doute, à la première fatigue.
C’est une énergie d’impulsion. Et comme toute impulsion, elle ne peut pas porter un projet sur la durée.
Exemple parlant : Thomas Edison et l’ampoule
On dit souvent qu’Edison a échoué 1 000 fois avant de réussir à créer une ampoule fonctionnelle.
Quand un journaliste lui demande un jour :
“Comment avez-vous supporté 1 000 échecs ?”
Il répond :
“Je n’ai pas échoué 1 000 fois. L’ampoule était une invention en 1 000 étapes.”
Ce n’est pas la motivation qui l’a mené au succès.
C’est une discipline méthodique : tester, documenter, ajuster, recommencer.
Chaque échec faisait partie intégrante du processus.
Et seul un esprit structuré, patient, discipliné pouvait traverser autant d’essais sans abandonner.
Ce que tu peux retenir d’Edison, et d’autres profils à haute persistance
- La motivation démarre. La discipline continue.
- Edison n’était pas un “génie inspiré” qui attendait que l’envie lui vienne. Il travaillait selon un rythme, une logique, un plan.
- C’est exactement ce qui distingue ceux qui vont au bout… de ceux qui arrêtent quand l’euphorie initiale disparaît.
On pourrait aussi citer :
- J.K. Rowling, refusée par des dizaines d’éditeurs avant que Harry Potter soit publié.
- Elon Musk, dormant sur le sol de l’usine Tesla pour maintenir une cadence de production infernale.
- Ou même des sportifs comme Cristiano Ronaldo, qui construisent leur carrière non sur le talent brut, mais sur l’hygiène de travail quotidienne.
Dans un projet de long terme, la discipline est ton seul moteur fiable
Dans un travail intense, tu ne peux pas compter sur ton énergie du jour.
Mais tu peux compter sur une routine.
Tu peux compter sur un système minimal viable.
Tu peux compter sur un engagement, même petit, répété chaque jour.
Ce n’est pas la grandeur de l’effort qui fait la différence. C’est sa régularité dans le temps, surtout quand personne ne te regarde.
En résumé
La motivation est une émotion, la discipline est une décision. Et cette décision, si tu l’appliques même à petite dose chaque jour, peut t’emmener plus loin que tu ne l’imagines.
Discipline bienveillante vs discipline rigide
Pendant longtemps, j’ai cru que pour réussir dans un environnement compétitif, il fallait se traiter comme un soldat. Se forcer. Ne rien lâcher. S’imposer un rythme dur, coûte que coûte. Et quelque part, ce conditionnement m’a aidé à avancer dans ma carrière. Il m’a donné un mental fort, une capacité d’engagement au-dessus de la moyenne.
Mais avec le temps — et surtout, avec la gestion simultanée de projets complexes, d’une vie de famille, et d’un doctorat — j’ai compris une chose essentielle :
la discipline brutale ne tient pas sur le long terme.
Quand la discipline devient une tyrannie personnelle
Il y a un moment où tu ne te motives plus par ambition, mais par peur de “ne pas être à la hauteur”.
Tu coches les cases, mais tu perds le sens.
Tu t’enfermes dans une routine qui finit par t’étouffer au lieu de te porter.
C’est le piège de la discipline rigide :
- Tu t’imposes des règles immuables.
- Tu refuses d’adapter ton rythme.
- Tu culpabilises à chaque écart.
- Tu fais primer la performance sur l’équilibre.
Ce type de discipline fonctionne… jusqu’au jour où tu craques.
Une autre voie : la discipline bienveillante
La discipline bienveillante ne veut pas dire être laxiste ou « cool avec soi-même ».
C’est au contraire une forme de maîtrise supérieure :
celle d’écouter son corps, son énergie, son mental — tout en restant engagé dans la direction qu’on a choisie.
Elle repose sur trois piliers :
- Clarté : je sais pourquoi je fais ce que je fais.
- Flexibilité : j’adapte la forme à ma réalité du moment.
- Engagement : je reste fidèle à mon cap, même à petit pas.
Concrètement, c’est quoi ?
- C’est choisir de se lever plus tard un jour, pour récupérer… sans culpabiliser.
- C’est remplacer une session de deep work par 20 minutes de relecture si ton mental est chargé.
- C’est avoir un plan de secours réaliste pour les jours « off », au lieu de s’autoflageller.
- C’est savoir quand ralentir pour pouvoir durer.
Pendant ma thèse, il m’est arrivé de « rater » ma session quotidienne.
Avant, je l’aurais vécu comme un échec.
Mais j’ai appris à accueillir ces jours comme des moments de respiration, pas comme des trahisons.
Et curieusement… ces pauses conscientes m’ont permis de rester plus constant sur le long terme.
Être exigeant sans être dur
C’est probablement le point d’équilibre le plus difficile à atteindre, mais aussi le plus précieux :
- Être exigeant avec sa vision, mais souple dans l’exécution.
- Être ambitieux, sans se transformer en bourreau de soi-même.
- Savoir célébrer les petits pas plutôt que de toujours courir après le résultat parfait.
La discipline bienveillante, c’est cette posture intérieure qui dit :
“Je mérite d’aller loin, mais pas au prix de ma santé, de ma joie, ou de ma clarté mentale.”
Choisir d’être maître de son rythme
Nous vivons dans un monde où le rythme est souvent imposé de l’extérieur.
Deadlines, notifications, réunions, crises, urgences permanentes…
On finit par courir, par réagir, par survivre — sans jamais vraiment choisir son propre tempo.
Et pourtant, c’est bien là que réside le vrai pouvoir de la discipline :
Elle nous permet de reprendre la main sur notre rythme intérieur.
Tu n’as pas besoin d’en faire trop.
Tu n’as pas besoin d’être parfait.
Tu as juste besoin d’être présent à ton rythme, jour après jour.
La discipline n’est pas une prison. C’est une clef.
Celle qui t’ouvre la voie vers une réussite choisie, assumée, et surtout… durable.
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